Un titre comme ça, sûr que ça fait peur.
Janvier, février 2012. Retour sur une des avalanches parmi les plus importantes de ces dernières décennies. Historique du suivi du manteau neigeux par les observateurs nivo-météo de l’association Niv’ose, reportage sur le terrain puis analyse des conditions météorologiques des jours précédant ce phénomène.
Le 13 janvier 2012, le Schwalbennest (Nid d’Hirondelle) est déjà bien chargé des neiges transportées par le vent qui s’accumulent dans cet ancien cirque glaciaire. Des corniches se sont effondrées déclenchant quelques coulées de faible dimension.
Lors d’un sondage et d’une coupe stratigraphique au sein du manteau neigeux, l’observateur détecte plusieurs couches de neige fragiles alternant avec des croûtes friables formées lors de forts coups de vent.
Sur ce profil, une faible résistance apparaît au niveau du sol. Une strate fragile se dessine à 30 cm. Le manteau neigeux est très froid (courbe bleue), et sec. La partie supérieure de la neige est compacte et même renforcée par des croûtes de glace (dureté 5 à 60 cm).
Le sondage du 20 janvier montre la même fragilité au niveau du sol. La courbe de température indique un réchauffement de l’ensemble de la couche de neige.
Le 25 janvier, changement radical de la qualité de la neige. Un épisode pluvieux est intervenu, notamment le 21/01 avec 42 litres au m2 et par un vent à 114 km/h. On passe alors à des masses volumiques de 440 kg au m3. Plus simplement, le manteau neigeux se ramollit, s’alourdit, la neige perd de sa cohésion.
Durant des semaines, le brouillard épais rend toute observation difficile. Puis le 6 février, le ciel se dégage. On peut alors se rendre compte de l’ampleur de l’avalanche.
La cassure s’est opérée à la partie supérieure du cirque sur environ 150 m de longueur. L’épaisseur va de 3 m à 5 m, plus sur la partie qui reste en équilibre au sud du ravin.
Un dépôt d’environ 10 mètres d’épaisseur recouvre la forêt au niveau du verrou.
Au nord, la neige qui recouvre la hêtraie d’altitude a été lissée au passage. La sonde graduée mesure 2,5 m. On estime l’épaisseur à 5 mètres à cet endroit.
Notes et croquis de terrain.
Un des relevés de terrain. L’observateur prend des photos puis des notes sur un petit calepin. Ceci servira au suivi des phénomènes d’avalanches. Croquis P-M D (c)
Une vue perspective permet d’expliquer en conférence les différentes phases d’un phénomène. 1 manteau neigeux encore en place avant le déclenchement. 2 glissement au sol sur la végétation. 3 fissuration d’une partie du manteau neigeux.
Le terrain est rocheux, lisse, sans aucun ancrage. Les sources, nombreuses sur tout le versant, ont été bien alimentées par les pluies tombées durant le mois, ce qui a provoqué le glissement d’une telle masse de neige.
Le 21 février.
Le 21 février 2012, de nouvelles chutes de neige recouvrent en partie les traces des avalanches.
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Les conditions météorologiques précédant cet épisode avalancheux.
Quel temps faisait-il à 400 m d’altitude? Relevés au pluviomètre manuel du poste de Ban de Laveline (propriétaire).
Données de la station automatique du Markstein à 1184 m d’altitude. (Météo France). La plus proche du secteur étudié.
Les fortes précipitations pluvio-neigeuses interviennent en fin de deuxième décade de janvier, avant le retour du froid.
Journée du 21 janvier 2012, c’est la plus arrosée de l’épisode: 42 l/m2 auquel se rajoute la fonte de la neige.
En conclusion: une avalanche d’une telle ampleur avait eu lieu en 1968. Un skieur fut gravement blessé *. Mais cet épisode avalancheux est aussi à rapprocher, notamment des avalanches des couloirs versant EST du Rothenbachkopf en 2010 et du versant OUEST le 15 février 1895. * Communication Claude E.
Avertissement:
Cet article ainsi que le reste du contenu de ce site sont le résultat d’une longue expérience de terrain et de recherches en nivologie. Ces documents sont mis à la disposition des lecteurs dans un but pédagogique. Ils restent la propriété intellectuelle des auteurs, ce qui implique de les citer, mais aussi l’association Niv’ose. MERCI.
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