Les premiers flocons ont fait leur apparition sur la plupart des massifs et dans le même temps Météo-France a publié ses premiers Bulletins d’Estimation des Risques d’Avalanches.
Il y a quelques nouveautés cette année dans ce BERA, cet article est donc l’occasion de les présenter mais également de (re)faire une petite visite guidée de ce BERA et de faire quelques comparaisons (sur fond grisé) avec celui de nos voisins suisses.
L’accès au BERA français se fait par https://meteofrance.com/meteo-montagne ou bien depuis l’appli smartphone Météo-France en allant sur le menu « Montagne ». Une version papier est également affiché dans les offices de tourisme, les remontées mécaniques, etc..
Ensuite l’accès se fait par grande région (Alpes du Nord, du Sud, Pyrénées, Corse) puis par massif (Mont Blanc, Aravis, etc..).
Pour la Suisse, l’accès se fait par https://www.slf.ch/fr/bulletin-davalanches-et-situation-nivologique/ ou bien depuis l’appli White Risk. Du côté localisation, le BERA suisse utilise une carte cliquable qui varie en fonction des conditions
Période et validité du bulletin
Les BERAs de Météo France paraissent chaque jour vers 17h de début novembre à fin juin. Il est désormais prévu que, lorsque les conditions l’exigent, un BERA puisse être émis en dehors de ces dates, notamment en été lorsqu’il y a des chutes de neige en altitude.
Cette estimation est valable pour le lendemain et depuis cette saison une information assez précise est donnée sur les conditions du surlendemain.
Les suisses donnent également des infos sur les 2 jours qui suivent mais c’est évident qu’il faudra de toutes façons reprendre le BERA pour le lendemain.
Estimation des risques
C’est la partie « haute » du bulletin, une sorte de résumé. Depuis cette année ce bandeau se voit enrichi d’une case « tendance » pour le surlendemain.
Les éléments qui composent ce bandeau sont sous forme de pictogrammes ou d’informations textuelles très synthétiques. C’est un résumé du BERA qui ne dispense pas de la lecture de la suite du bulletin.
Pictogramme de l’indice de risque. L’indice de risque est le même pour la plupart des pays, il va de 1-faible à 5-très fort. Rappelons que le risque 3 n’est pas un risque « moyen » et que ce niveau de risque concerne la grande majorité des accidents d’avalanche.
Pictogramme d’altitudes concernées. Lorsque le risque varie selon l’altitude ce picto indique clairement la limite théorique entre les 2 niveaux de risque
Pictogramme d’altitudes concernées. Lorsque le risque varie selon l’altitude ce picto indique clairement la limite théorique entre les 2 niveaux de risque
Pictogramme des orientations à risque. Les zones les plus à risque sont en noir.
Depuis l’an passé, les BERAs suisses rajoutent, lorsque c’est nécessaire, un + ou – à cet indice de risque. Exemple un 3- est un risque 3 moins marqué qu’un risque 3.
Stabilité du manteau neigeux
C’est la partie la plus rédigée, celle où on va trouver des informations précises. Depuis cette année on y trouve également des pictogrammes (2 au maximum) concernant les principales situations avalancheuses typiques (SAT). Jusqu’alors on trouvait ces pictos sur les BERAs d’autres pays comme la Suisse, la Norvège, la Nouvelle Zélande,etc.. La signification des pictos est rappelé en lettres majuscules.
Dans le texte lié à la stabilité du manteau neigeux, on trouvera toujours une distinction entre « départs spontanés » c’est à dire les avalanches qui pourraient être déclenchées autrement que par des pratiquants et les « déclenchements provoqués » c’est à dire provoqués par le passage d’un skieur, alpiniste, etc..
Dans le texte, il est souvent fait allusion à la taille des avalanches possibles. Cela fait référence à une classification européenne des tailles d’avalanche, une échelle qui va de 1 à 5. Rappelons que chaque année des personnes meurent dans des avalanches de taille 2.
Pour le reste, le vocabulaire est celui de la nivologie. Il faut donc savoir à quoi correspond une plaque friable, une plaque de fond, etc.. Ca demande donc un minimum de formation.
Neige fraiche à 1800 m.
Ce graphique donne une idée des cumuls de neige tombée les derniers jours à 1800 m. Depuis cette année, ces données apparaissent sous forme d’intervalle. Pour les altitudes supérieures, il faudra extrapoler ou tenter de trouver d’autres sources d’information comme les balises nivoses par exemple auxquelles on accède depuis les pages météo-france du BERA dans l’onglet « observations » ou plus facilement via ce site http://www.webcams-montagne.fr/nivoses.php.
Aperçu météo
Rien de compliqué dans ces données synthétique sur la météo du lendemain : altitude de la limite pluie neige, l’isotherme 0°, le vent (vitesse et orientation) à 2000m et à 3000 m. Consulter un bulletin plus détaillé ou mieux plusieurs bulletins est évidemment conseillé.
Epaisseur de neige hors piste
Selon l’orientation (Nord ou Sud), selon l’altitude ce graphique donne les hauteurs de neige actuelles en dehors des pistes balisées évidemment. Un trait continu et des informations textuelles donne la limite de l’enneigement continu.
Qualité de la neige
Une description rédigée de la qualité de la neige.
Conditions nivo-météo des 7 derniers jours
L’objectif de cette dernière partie est d’obtenir des informations dans l’historique des phénomènes météo et nivologiques des 7 dernières jours, c’est un élément capital pour estimer le risque sur le terrain surtout lorsqu’on arrive sur un massif.
Il y a différents tableaux et graphiques dans cette partie.
La météo des 7 derniers jours
C’est un tableau (assez indigeste et peu lisible) qui donne la météo, la vitesse et l’orientation du vent à 2000m. et à 3000m. sur les 7 derniers jours par tranches de 6h. Pour le vent, on regrette un peu le graphique des anciens bulletins qui était beaucoup plus clair.
La variation de l’isotherme 0° et la limite pluie neige
Le cumul des chutes de neige à 1800 m.
Même si le graphique est très clair, on aura, là aussi, intérêt à compléter ces informations par la consultation des balises nivoses.
L’évolution de l’indice de risque
L’évolution de l’enneigement en versant nord et sud en fonction de l’altitude
La limite de l’enneigement en versant nord et sud
On le voit, un BERA comporte une quantité d’information importante, se contenter de la lecture de l’indice de risque et des orientations des pentes les plus dangereuses n’est pas raisonnable. Mais la lecture et la compréhension du BERA demande de l’habitude, de la formation et surtout nécessite du temps et de la concentration.
Enfin, le BERA n’est qu’un élément (indispensable !) dans l’évaluation des risques liés aux avalanches et il faudra l’associer avec d’autres outils numériques ou pas comme Yeti, Skitourenguru et y associer des méthodes de réduction du risque comme CRISTAL par exemple ou bien la CSV (cartographie systémique des vigilances) de Paulo Grobel ou d’autres méthodes mais ça mériterait d’autres articles.